Ils ont voté…. Et puis après ? Chantait Léo Ferré en 1968.
Léo n’est plus, la question reste ! La majorité des électeurs n‘a-t-elle pas dit « non » au projet de européen (le TCE) ? Que se passe-t-il ? Le zébulon qu’une autre majorité vient d’élire passe outre. Allégrement. Réactions ? Néant ! Que dalle ! Sans même évoquer un PS depuis Mitterrand soumis à l’idéologie dite « de marché », prêt à toutes les compromissions et servilités, que dire de la soi-disant « gauche de la gauche » ? On cause, on discute, on se réunit, les luttes intestines et de pouvoir continuent, nationalement et localement. Mais quid des propositions ? Mais quelles actions face au retour à un paléolithique social ? Des pétitions ? Vous ne croyez quand même pas que c’est cela qui va faire reculer le capitalisme et ses serviteurs ? Les milliardaires sans morale ont tous les moyens de propagande : Bolloré, Arnault, Bouygues, Lagardère, Dassault… Ils possèdent la télévision, la presse écrite (à quelques exceptions à la mort programmée), ils font et défont les lois à leur guise par l’intermédiaire de leurs valets rebaptisés députés UMP, de telle manière que rien ne puisse échapper à leur pouvoir.
Si j’écris que nous sommes sous un régime fasciste, on dira que j’exagère. Soit. Les moyens apparents sont différents, mais le résultat est le même.
Par exemple : pas ou peu de censure directe des médias ou de l’expression artistique. Mais ils n’en ont pas besoin pour l’instant, la lâcheté et le fric ont fait d’une grande partie de la presse et des intellectuels des moutons prêts à l’abattoir ; l’absence quasi-totale de moyens financiers va peu à peu faire disparaître toute culture vivante faute à ses acteurs de vivre, voire survivre.
(C’est un détail, une crétinerie, certes, mais significative : Il est évident que Zébulon-Sarkozy n’a pas demandé qu’on retouche sa photo pour supprimer quelques bourrelets disgracieux. Il n’en a pas besoin, le « journaliste » l’a fait de lui-même ! Plus lèche-cul tu meures !)
Par exemple : la vidéosurveillance, les puces électroniques – sans entrer dans le détail !- font qu’un français peut être « contrôlé » des dizaines de fois par jour : on sait où vous êtes grâce au téléphone portable, votre carte bancaire, votre GPS automobile, vos connections internet, etc, et ce sans que vous ne puissiez aucunement contrôler l’usage des informations recueillies sur votre petite personne. Si ce n’est pas du fascisme, qu’est-ce ?
Certes, tout a changé, côté pouvoir. Le président de la République peut, aussitôt élu, fêté son succès dans un restaurant coûteux, aller faire son numéro sur le yacht d’un ami milliardaire, prendre des vacances chez d’autres tout autant friqués, sans vergogne aucune. Et personne ne trouve à redire à ce qui ressemble quand même une provocation permanente à l’égard de ceux qui dans ce pays sont dans la M…… (et dont certains ont hélas voté pour ce personnage !).
C’est ce personnage, ses séides, qui vont venir parler aux français de « morale ». Entre leurs discours et leurs pratiques, il y a un tel abîme que l’on se demande si on ne cauchemarde pas. Leur cynisme n’a d’égal que leur aptitude à la mythomanie. Ou, s’ils ne croient pas vraiment à ce qu’ils disent, à leur machiavélisme.
Demain, seront supprimés des milliers de postes d’enseignants. Pas de problème : il suffit de diminuer les heures d’enseignement des élèves. Et de nous donner en exemple d’autres pays, en « oubliant » de dire que dans ces pays d’autres structures, d’autres personnels prennent en charge ce qui est abandonné par l’école. Et souvent aux frais des familles. L’objectif n’est évidemment pas de faire de futurs citoyens capables de penser par eux-mêmes, mais seulement des producteurs exploitables à merci. Sans moyens intellectuels de révolte. Tout juste bons pour encaisser sans broncher la télé-poubelle à haute dose. Décervelage à grande échelle, permanent et en couleurs ! Ce n’est pas du fascisme, mais ça y ressemble bigrement !
Qu’allons-nous faire ?
Continuer à bavarder entre gens de bonne compagnie, dans ces nouveaux salons où l’on cause, rebaptisés « collectifs anti-libéraux » ? S’auto-convaincre qu’on est les bons, les meilleurs, entre penseurs au petit pied ? S’imaginer que des contre-pouvoirs vont, comme ça, parce qu’on en parle, se mettre en place ? Et pendant ce temps ? Que se passe-t-il pour les sans emplois, les jeunes, les retraités, les sans logement ?
Allons-nous continuer à gagner nos parts de paradis qui n’existe pas en jouant les mères Térésa, avec des compagnons d’Emmaüs trahis, des ONG manipulées, des collectes de pièces jaunes bidouillées ou des téléthons tontaine et tonton ?
Allons-nous continuer à regarder le monde revenir à la préhistoire en perdant tout ce que nos prédécesseurs avaient réussi à faire progresser : la solidarité (la vraie, pas la charité), la connaissance, la culture, la lutte pour la paix, le cheminement vers un peu plus d’humanité, en quelque sorte ?
Allons-nous nous satisfaire de quelques protestations formelles, de quelques signatures pétitionnaires, de quelques élections piégées ?
Ou allons-nous, énergiquement, faire savoir que cela suffit ! Que nous voulons et que nous allons changer le monde !
J’entends les critiques : On ne va pas faire ça tous seuls ! Et la démocratie ? Et le vote ?
La démocratie : de quoi parlez-vous, compagnons ? Si pour vous la démocratie, c’est le régime dans lequel nous sommes aujourd’hui, effectivement, il n’y a rien à faire ! Mais êtes-vous certains que nous sommes en démocratie ? Tous et chacun peuvent-ils rééllement s’y exprimer ? Non, évidemment ! Voir plus haut le paragraphe que la presse ! Les besoins de tous et chacun sont –ils satisfaits ? Non, évidemment ! Tous et chacun peuvent-ils intervenir réellement dans la vie de la cité ? Non, évidemment ! etc…
Nous ne sommes que dans un semblant de démocratie, un ersatz, un leurre, une forme de gestion du monde qui permet de faire taire à peu de frais les protestations.
Faire « ça » tous seuls ? Non, bien sûr. L’onanisme révolutionnaire est périmé. Mais depuis quand une majorité a-t-elle changé le monde ? En 1789 ? Pas du tout ! En 1905 ? Pas du tout ! En 1936 ? Pas du tout ! Si l’on attend l’avènement d’une telle majorité, autant rester chez soi à cultiver ses illusions ! D’autant plus que, jamais, je dis bien jamais, la France n’a été un pays ayant une majorité de gauche révolutionnaire.
Ce n’est pas pour désespérer quiconque que je l’affirme, mais parce que c’est un fait historique. Dont il faut bien tenir compte. Non pas pour dire, à la sauce sociale-démocrate, qu’il n’y a rien d’autre à faire que se soumettre au capitalisme triomphant. Non plus pour attendre un grand soir hypothétique, mais pour réfléchir –vite – aux moyens possibles de le contrecarrer efficacement.
Par l’écrit, par les cris, par la rue, par l’inventivité révolutionnaire qui doit quand même bien exister dans les têtes, non ?
Commentaires :
Jacques Thomassaint. Le 27 août 2007
Proposer autre chose absolument
Danielle Ducerf
Je m'apprêtais à laisser un message sur le blog quand j'ai lu celui de Jacques Thomassin, du coup cela raccourci beaucoup ce que j'avais l'intention d'exprimer puisque que je suis d'accord avec tout ce qu'il dit. Alors je me contenterais de donner quelques impressions comme ça…
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